not about angels. (roos)

"not about angels."
w/ Roos.

Vendredi soir, soit un début de week-end comme un autre pour Theo qui avait terminé le boulot plus tôt et qui, plutôt que de rentrer chez lui, était allé manger dehors. C'était encore du temps qu'il avait omis de passer avec sa fiancée, qu'il délaissait parfois un peu trop selon elle. Alors, pour rattraper cela, il lui envoya un message plein d'amour dans lequel il l'invitait à venir le rejoindre boire un verre en ville. Rien que tous les deux. En amoureux. Le lieu de rendez-vous était le bar de Sarge. Ou plutôt tonton Sarge. C'était ici que Theo avait passé ses meilleures soirées. Le jeune homme franchit donc le seuil de la porte, salua le patron et vint s'assoir au comptoir, cellulaire en main. Il releva la tête le temps d'interpeller la serveuse, qui était de dos, puis revint à ses occupations. L'ombre de la jeune femme qui venait pour le servir le fit de nouveau quitter son portable. Son cœur s'emballa aussitôt. Il tomba des nues en découvrant le visage de Roos. Il savait qu'elle avait du mal à joindre les deux bouts, mais jamais il n'aurait pensé la retrouver ici. Elle, derrière ce comptoir. Le beau brun resta muet quelques instants puis s'empressa d'envoyer un "laisse tomber, je pars rejoindre des potes" à sa fiancée. Bougre qu'il était. "Qu'est-ce-que tu fais là ?", balbutia-t-il.

♡ Theo && Roos
If I got rid of my demons, I’d lose my angels.

not about angels. (roos) 4179610

Vendredi soir. Début de week-end. Elle en aurait rêvé des meilleurs, Roos. Depuis quelques mois elle enchainait les petits boulots sans vraiment se poser où que ce soit. Elle ne se voyait rester nulle part ; il semblait qu’elle ne faisait pas l’affaire, on lui disait qu’elle méritait beaucoup mieux, qu’elle devrait chercher ailleurs. On la poussait même presque, parfois, à essayer de poursuivre ses rêves, repasser des auditions, devenir quelqu’un. Mais ces rêves-là, elle les avait perdus, oubliés, jetés loin derrière elle. Si elle avait voulu être faite pour ça, les paillettes l’or et l’argent ; la vie en avait malheureusement décidé autrement. Et c’est ainsi qu’elle se retrouva serveuse à l’unique bar de la ville, chez l’oncle Sarge, ce bar où elle avait passé des soirées à boire pour oublier, pour s’amuser, rire pour de vrai. L’ironie du sort c’est que, depuis qu’elle travaillait ici c’était pour de faux, qu’elle devait rire. Elle n’avait pas vraiment envie de faire de grands sourires aux clients, d’être particulièrement aimable ou adorable. Elle n’avait pas envie de se laisser lourdement draguer par des gars perdus, en manque, mais elle se laissait faire, elle jouait, elle faisait semblant d’aimer pour mieux se faire apprécier et rester, garder ce boulot qu’il lui fallait. Alors elle servait des verres avec le sourire jusqu’à entendre sa voix et son visage. Theo. Elle ouvrit la bouche, la referma. Elle ne savait pas quoi dire, quoi faire. Elle se sentait subitement idiote d’être ici, devant lui, comme si la différence sociale n’était pas assez flagrante ailleurs, comme si elle avait eu besoin de ça ce soir, de cette violente piqure de rappel. « Ça ne se voit pas, ce que je fais là ? » finit-elle simplement pas lui répondre, levant les yeux au ciel. Elle le détestait, lui et sa richesse, lui et sa vie toute tracée, lui et sa facilité à joindre les deux bouts et finir les fins de mois dans la prospérité. « Et toi, tu viens boire seul pour oublier ou fêter ton futur mariage ? » L’ironie c’est qu’il n’aurait dû rien avoir à oublier, mais Roos lisait bien dans son regard à quel point la revoir ici lui retournait le cœur, le corps. Bien sûr qu’elle la détestait cette idée de mariage, cette fiancée, tout.

Spoiler:

♡ Theo && Roos
If I got rid of my demons, I’d lose my angels.

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Pendant des mois il avait tout représenté, Theo. L’amour, la passion, la douceur, la joie d’aimer et surtout, d’être aimé en retour. Roos, elle avait toujours voulu combattre l’amour, s’en protéger, s’en détacher. Elle n’avait jamais voulu tomber réellement amoureuse de peur de souffrir, de se faire mal. Elle avait vu comment son père avait souffert face à la mort de sa femme et elle avait compris, subitement, que l’amour n’amenait qu’une profonde douleur dans le cœur. Mais l’amour entre Theo et elle, c’était arrivé comme une mélodie qui vous enivre la tête sans vouloir en sortir, sans qu’elle s’y attende et sans échappatoire. Elle s’était attachée à lui jusqu’à lui en vouloir, lui en vouloir parce qu’il était trop différent, parce qu’ils n’avaient rien à faire ensemble, parce qu’elle n’était rien alors que lui avait tout. Elle le détestait d’être si différent, si loin d’elle. Elle se détestait d’être tombée amoureuse si facilement, si rapidement et de laisser son cœur se meurtrir à cause de cet amour trop fort, impossible. « Excuse moi, j’oubliai qu’on pouvait se fiancer sans le souhaiter. » Lui-répondit elle au tac au tac, en réponse à ce qu’il venait de dire. Elle l’avait quitté mais elle était simplement partie avant que lui ne parte. Elle voulait garder le peu de dignité qu’elle avait encore, elle voulait être forte ou au moins faire semblant de l’être. « Un verre de Jack. » Répéta-t’elle, impassible et froide, lui posant sa commande devant lui sur le comptoir. Elle jouait à l’inaccessible, à celle qui s’en fichait, à celle qui n’avait pas mal, à qui ça ne faisait rien. Dans le fond, son cœur se déchirait de le voir là, comme ça, présent mais aussi bien absent, loin d’elle et de leur amour. Elle prenait peur qu’il la méprise, elle qui n’était qu’une simple serveuse. Mais pourquoi l’avait-il aimé, au juste ? Pour elle-même ou pour la femme qu’il aurait voulu qu’elle soit ? Riche, célèbre, talentueuse. Elle n’était rien de tout cela, et ses rêves brisés prouvaient qu’elle ne le serait jamais ou du moins, c’est ce qu’elle croyait. « Va la rejoindre, tu en crèves d’envie. » Et elle, elle crevait d’envie qu’il reste, qu’ils finissent cette discussion ailleurs, autour d’un verre ou dans un lit. Idiote. A peine était-il devant elle que toutes ses bonnes résolutions s’envolaient, que toute sa haine se dissipait. Elle l’aimait trop pour lui échapper, elle l’aimait trop pour rester sincère quand elle lui demandait de fuir. Sa voix lui disait de partir, ses yeux le suppliaient de rester, de lui offrir encore ces quelques instants de bonheur qu’il lui avait donné pendant des mois, qu’elle aurait tant aimé qu’il lui donne encore des années.

Il ne savait pas trop comment expliquer leur amour. Cet amour qui n’en était, au départ, pas un. Une simple relation, sans étiquette, ni prise de tête. C’était ce que s’était mis Theo en tête quand il avait commencé à côtoyer Roos. Ils étaient différents et pourtant tellement semblables sur certains points. Mais jamais, au grand jamais, il n’aurait pensé un jour tomber amoureux d’elle. De cette fille si simple, trop simple pour être accueillie chez les Reeves. Alors, Theo s’était juré de ne jamais se projeter dans l’avenir avec elle. C’était peut-être cet interdit qui avait fini par le pousser à développer des sentiments. Peut-être cette notion de fruit défendu. Il avait croqué dans la pomme, Theo. Il s’était laissé ensorceler par ses beaux yeux, ses grands yeux. Ses yeux si envoutants. Il avait cédé et c’était avec regret qu’il avait dû s’en défaire. C’était peut-être elle qui avait mis un terme à leur relation, mais tous deux savaient très bien que si elle n’avait pas pris cette décision, Theo aurait tout de même fini par le faire. Puis, elle lui lança un pic, qui cachait selon lui, en fait, un reproche. Elle lui en voulait de s’être fiancé, pourtant inconsciemment, c’était elle qui l’avait poussé dans les bras d'une autre. Trop fier pour lui dire qu’il n’avait jamais aimé qu’elle, le jeune homme prit un air sérieux pour affirmer: "Personne ne m’a mis le couteau sous la gorge." Il était hautain, comme toujours. Pourtant il ne pensait pas un piètre mot de ce qu’il avançait. Évidemment qu’on ne l’avait pas menacé pour qu’il demande sa fiancée en mariage, mais Roos avait raison: ces fiançailles, ce n’était pas sa volonté. C’était plutôt celle de ses géniteurs. La jeune femme se contenta de répéter sa commande, juste avant de le servir. Elle restait inébranlable. Comme si cela ne lui faisait rien de se retrouver face à celui qu’elle avait un jour, et peut-être encore aujourd’hui, aimé. Comme s’ils n’avaient jamais rien partagé. Pourtant, au moment où elle déposa le verre sur le comptoir, Theo ne put s’empêcher de venir attraper l'objet en même temps qu’elle. Un contact qui n'était pas dû au hasard. Il l'avait fait pour sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. C’était un geste discret, presque insignifiant, pourtant il ne l'était pas aux yeux de Theo. Roos lui conseilla amèrement d'aller rejoindre sa moitié, qu'il crevait certainement d'envie de rejoindre. Et à ces mots, la main du jeune homme se détacha aussitôt de la sienne. Elle venait, en un instant, de le ramener à la réalité. Le jeune homme ne broncha pas. Il ne prit même pas la peine de nier. Il resta, simplement là, assis en face d’elle, le regard vide et pourtant rempli d'amour.

♡ Theo && Roos
If I got rid of my demons, I’d lose my angels.

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L’amour, ça ne s’explique pas, l’amour. C’étaient des sentiments qui arrivaient comme ça, sans prévenir. C’était une relation soudainement belle et incontrôlable, eux qui avaient pourtant toujours voulu tout contrôler. Roos qui rejetait l’amour naïvement, croyant que ça ne lui tomberait jamais dessus, croyant surtout qu’elle serait assez forte pour le repousser sans savoir que l’amour, c’était plus fort que tout le reste, ça pouvait terrasser toutes les valeurs, les idées qu’on avait depuis toujours. Theo lui, il s’était promis de ne jamais rien ressentir pour elle parce qu’elle était trop différente, banale, commune, simple .. trop simple. Tout ça, Roos, elle le savait. Elle le savait dès leur première rencontre, dès leurs premiers échanges, dès leur première nuit. Elle savait qu’ils n’étaient pas du même monde et qu’ils ne le seraient jamais. Pourtant, rien ne l’avait arrêté. Elle aussi croyait que ça ne durerait qu’une nuit, deux. Puis que ça ne serait que quelques semaines, pour s’amuser. Des mois passèrent. Des sentiments naissants virent bousculer leurs prévisions. Tout sembla soudainement flou, incontrôlable et incompréhensible. Ils ne l’auraient pas cru si on leur avait dit, quelques mois plus tôt. Surtout Theo, sans doute. Comment avait-il pu tomber amoureux d’une femme comme Roos ? Comment avait-il pu s’imaginer une seule seconde avec elle ? Elle-même, Roos, elle ne comprenait pas. Elle-même, elle avait longtemps pensé qu’il ne l’aimait pas vraiment, que les sentiments allaient passer. Mais il n’y avait que le temps, qui passait finalement. Elle avala difficilement la salive quand il lui répondit sèchement que personne ne l’avait forcé puis sa tête se mit à tourner quand sa main frôla la sienne pour attraper son verre d’alcool. Ses yeux, elle ne les lâcha pas. Son cœur battait la chamade. Le contact de sa peau, aussi bref soit-il, semblait lui faire perdre la tête, le contrôle, tout. Elle en venait à oublier qu’il venait de lui parler froidement, que sa fierté l’empêchait d’avouer la vérité, que lui aussi jouait parfaitement à l’acteur. Elle avait envie d’exploser, Roos, de lui envoyer les pires vacheries, même de casser son verre contre ce comptoir, de partir, de respirer. « Prends ta pause, Roos. Et prends la longue si t’as besoin de ça pour sourire. » Vint-lui glisser son patron derrière elle. Il s’était attaché très vite à elle, en quelques jours à peine et il semblait qu’il avait envie de l’aider. Presque comme tout le monde, finalement, mais personne n’y arrivait. Roos, elle lui sourit presque machinalement, comme elle le faisait tous les jours. « Pourquoi tu fais ça, Theo ? Pourquoi tu restes là ? » finit-elle par demander celui qu’elle aimait, toujours là, son verre à la main, impassible. « Et qu’est-ce qu’on est censé faire maintenant, hein ? Je te sers un verre, te regarde comme un parfait inconnu, te félicite pour ton mariage ? Ça me dégoute, tu me dégoutes. » Elle attrape son sac et sort, sort de ce bar. Elle sait qu’il la suit, elle le sent. Elle aurait aimé allumer une cigarette mais Theo, il déteste ça. Alors elle se contente de prendre une grande bouffée d’air, regarde le vide, elle a envie de se retourner, de se jeter dans ses bras, de l’embrasser à s’en couper le souffle. Mais tout ce qu’elle fait, c’est frissonner. Frissonner parce qu’elle n’a pas pris sa veste, parce que la nuit est froide, que son cœur est lourd, beaucoup trop lourd.

Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit de l’aimer, de la dévorer des yeux comme il le faisait et surtout d’être en sa compagnie, ce soir, alors qu’une autre l’attendait bien sagement à la maison. Pourtant, il était là. A se demander pourquoi il l’avait laissée partir et, en même temps, à tenter de se persuader qu’il avait bien fait de ne pas la retenir. Qu’avait-elle de plus qu’une autre, au fond ? Pas grand-chose. C’était du moins ce qu'il essayait de se rentrer dans le crâne. Parce qu’il le savait, intérieurement. Elle était au-dessus de toutes ces autres filles qu'il avait rencontré auparavant. Roos, cette amourette qui était devenue la raison de tous ses tourments. Combien de fois avait-il débattu avec ses parents, tentant de les convaincre qu’elle arriverait un jour à les épater ? Puis, combien de fois avait-il fini par leur donner raison ? Il avait accepté de tourner la page pour eux, mais aussi pour lui. Parce qu’il le savait : ses géniteurs ne voulaient que le meilleur pour son avenir. Et, s’ils avaient jugés que Roos ne faisait pas partie des choses grâce auxquelles il arriverait à avancer, alors, quelque part, ils devaient avoir raison. Après tout, ils savaient mieux que lui ce qui le porterait vers le haut. Ils y étaient parvenus, eux. Pourtant, ce soir, elle était là. Et il ne pouvait s’empêcher d’éprouver, encore, des sentiments à son égard. Il tentait de la faire fuir mais faisait, en même temps, tout pour la garder près de lui encore quelques instants. C’était en tout cas la raison de son geste. Cette main qui était venue trouver place sur celle de la jeune femme. Juste le temps d'un battement de cils. Le patron les interrompit. A l’instar de Roos, Theo lui adressa un sourire. Un sourire qui sonnait pourtant si faux, tellement le cœur n’y était pas. Il n’avait pas envie de montrer ses dents. Son cœur saignait. Puis, la jeune femme lui posa les questions fatidiques. Pourquoi il faisait cela. Et surtout, pourquoi il restait là. Il ne comptait pas y répondre. Lui-même ne savait pas. De toute manière, même si il en avait eu envie, Roos ne lui en laissa pas le temps. Elle lui balança ses derniers reproches à la gueule avant de prendre son sac et sortir du bar en toute vitesse. Theo ne réfléchit pas plus que cela. Il abandonna son verre sur le comptoir pour marcher d’un pas pressé derrière elle. Elle était là, dehors, à respirer l’air frais. Trop frais au vu de la tenue qu’elle portait. Alors, le jeune homme se débarrassa de sa veste pour venir la poser sur ses épaules. Toujours derrière elle, il plaça sa main sur son omoplate pour la faire pivoter vers lui. Cette main qui remonta tout doucement sur la joue de sa bien-aimée. Cela faisait une éternité que leurs visages n'avaient pas été si proches. Presque inconsciemment, les lèvres de Theo effleurèrent celles de Roos. Il mourrait d’envie de l’embrasser, mais il y avait encore cette barrière qui l’en empêchait. Cette barrière qui, il l’espérait, se verrait bientôt brisée.

» she will be loved (roos)