I will be your remedy ❈ sofie

@e-rossum.
♡ BASH ET SOFIE.
love in the dark.

Son avion n’avait pas eu de retard, et pourtant les heures semblaient plus longues que jamais. Chaque retour était toujours plus long que l’allée. L’impatience de la revoir, l’impatience de la toucher à nouveau, de croiser son regard, faisait passer le temps plus lentement comme dans un rêve quand on a beau courir, le chemin nous semble infranchissable. Il ne lui avait pas dit, ne l’avait pas prévenu, il avait gardé son retour secret. Il rêvait de toquer à la porte, de la voir ouvrir à s’attendre à un individu banal pour le voir lui. Il avait passé son dernier reportage à la frontière turque. Son métier était une passion mais très vite, il s’était rendu compte que le manque de Sofie était trop fort, trop puissant pour être oublié, ou caché. Il ne pouvait plus attendre. Un coup de téléphone avait suffi à plier bagages, pour la dernière fois. Il s’était fait une promesse, et il allait la tenir. Il était du genre à tenir ses promesses. Il ne pouvait plus la laisser. Son nouveau rêve était avec elle, dans cette maison avec le futur bébé, la troisième personne attendue, celle qui complètera le bonheur. La concrétisation de leur amour. Alors il avait pris l’avion, puis un taxi et étant rentré chez lui, sa maison, avec Sofie. Cela faisait une semaine qu’il était revenu, sans prévenir, sans crier gare. Par amour, par besoin. Il était rempli d’amour, d’impatience de retrouver celle qu’il aime et celle qui l’aimait lui. La seule qui est réussi à envahir son cœur. Il se posa devant la porte, sa porte, cette porte. Il n’aurait jamais pu imaginer il y a quatre ans de cela qu’il aurait pu tout abandonner pour une femme. Mais c’était sans connaitre le pouvoir de Sofie. Il aurait pu ouvrir mais il n’avait pas emporté ses clés, de peur de les perdre à l’autre bout du monde, il se mit alors à toquer à la porte. Mais le problème des surprises c’est que ça peut facilement se retourner contre vous, il suffit qu’elle ne soit pas à la maison. Un sourire s’afficha alors sur son visage à l’idée de passer la journée sous le porche…

La journée avait tout d'un dimanche après-midi ordinaire, tandis que Sofie préparait le repas qu'elle servirait à son père le soir-même. Les repas de famille s'étant espacés, elle avait pris l'initiative de l'inviter à souper, et, si elle avait lancé une invitation à ses frère et soeur, aucun n'avait pu se libérer de leurs contraintes. Mais c'était à elle seule, qu'elle pouvait en vouloir. Ce n'était qu'une impulsion, à peine levée, cachée derrière l'excuse d'une assemblée - comme avant. Sofie se voilait pour elle-même la vérité, et le besoin, ces temps-ci, d'être entourée. Si la distance entre Bash et elle, n'avaient toujours fait que renforcer leur couple déjà solidement accroché, cette fois-ci, la réalité était tout autre, et la jeune femme ne savait plus quoi en penser. Loin de cuisiner un festin, elle se contentait de simples hash browns qu'elle était certaine de réussir. Mais, alors qu'elle venait de les sortir de la poêle, un coup frappé à la porte la fit sursauter. Il ne devait pas être là avant vingt heures, pensa-t-elle. Habillée d'une simple jupe-crayon noire, et d'un débardeur crème, elle se recoiffa brièvement ses cheveux ondulés, et jeta un oeil à travers le judas. À peine avait-elle croisé les yeux de la silhouette, qu'elle esquissa un pas en arrière. Bash. Elle sentit les larmes glisser le long de ses joues. Elle ne pouvait plus se défiler. Il était là, en face d'elle, en chair et en os. Il était là, espérant ce qu'elle n'aurait pas. Elle sécha les sanglots d'un preste revers de main, et lui ouvrit la porte. -- Qu'est-ce que... que fais-tu ici ? Demanda-t-elle d'une voix tremblante. C'était étrange. Elle n'aurait pas hésité une seconde à l'embrasser ou le prendre dans ses bras, les fois précédentes. Mais cet acte ordinaire, n'était plus pour elle si évident, malgré les battements de son coeur qui s'affolaient toujours plus en le voyant. C'était à peine si elle se dégagea du seuil pour le laisser entrer. -- Je... Les mots se perdaient dans sa gorge. -- Je ne m'attendais pas à te voir rentrer si tôt. Elle balbutiait, comme prise en faute. Coupable de savoir ce qu'elle aurait préféré ignorer. Coupable de voler le bonheur auquel il - elle, auparavant - ne cessait de rêver.

Elle était toujours aussi belle. Et c’était dans ces moment-là, pris à la volée, qu’il la trouvait la plus belle. Au petit matin, en train de cuisine, ces moments où sa Sofie n’était vêtue que de naturel. L’accueil qu’il avait mainte fois imaginés sur le trajet du retour n’était pas celui qu’il l’attendait. Il fut un peu surpris de ne pas la voir hurler de joie, ou de la voir sauter dans ses bras. Elle était de celle à vivre à cent à l’heure, à ne laisser aucun moment passée. Elle était l’enthousiaste du couple, la joyeuse, la dynamique. Il s’attendait à la surprise mais il se trouvait devant une femme qui semblait confronté à une mauvaise surprise. -- Qu'est-ce que... que fais-tu ici ? Il tenta d’éloigner les quelques doutes qui se hissa jusque dans sa tête et dans son cœur. Ses doutes issus d’une fusion qui les unissait depuis quatre ans. C’était sûrement le choc. De toute manière le bonheur de la revoir effaça toute inquiétude à ses yeux. Elle était enfin là, devant lui. Un petit sourire en coin se dessina sur son visage, ravi que son petit coup ait marché, impatient de lui dire que c’était pour de bons, qu’il ne repartirait plus. -- Je... Je ne m'attendais pas à te voir rentrer si tôt. Il était dans l’attende d’une embrassade, du toucher de ses lèvres sur les siennes, d’une étreinte, de l’odeur de son parfum dans ses narines. Mais une distance semblait s’installer. Il n’était pas celui qui faisait et plutôt du genre à celui qui recevait et cela n’avait jamais été un problème pour eux. Mais là, alors qu’il ne rêvait que d’une chose, il n’y arrivait. Il avait cette sensation que s’il s’approchait d’elle pour l’étreinte de son amour, elle allait s’échapper. Il ne pourrait pas le supporter alors il ne fit qu’entrer chez lui, chez elle, chez eux, sans le plaisir d’un contact. Il tenta de la débrider par l’humour, elle qui buta sur ses mots par la surprise. « Je sais que je me suis pas encore rasé mais est-ce que ça me change tellement que je n’ai pas le droit à un baisée ? » il laissa un sourire se dessiner sur son visage, tentant de laisser transparaitre une naïveté qu’il n’avait pas. Mais son ventre trahit le silence gênant, et le dilemme qui s’affichait. Un gargouillis comme il n’en avait jamais entendu se fit retentir. Il était affamé et il semblait qu’elle est fait à manger.

Elle restait plantée là, les mains accrochées à la porte, comme si le vent menaçait de l'emporter. Le teint blême, elle ne parvenait plus à détourner le regard, aussi effrayée que devant un fantôme. Elle le voyait, lui, et le sourire qu'il affichait, claironnant. Ce sourire qui accélérait les pulsations de son coeur, ce même sourire qui faisait valser des papillons au creux de son estomac. Ce sourire, qu'elle avait tant envie de capturer entre ses lèvres carmin, figé dans un baiser, scellé dans le sentiment. Elle aurait aimé que les choses se passent autrement. Ne pas lui laisser le temps d'entrer, l'interroger sur son voyage, insister pour apercevoir ses clichés. Sofie n'aimait pas la guerre. Pourtant, elle prenait toujours plaisir à admirer ses photographies. Elles avaient toutes un quelque chose d'unique, un insolite sur un champ de bataille morbide. La flamme bleue s'échappant d'un briquet, sur la sable. Une main tendue d'un soldat, comme envoyant un ultime message à sa femme. Il y avait plus qu'une réalité haïssable, que des hommes enrôlés dans des combats sans trêve, sans fin. Il y avait de l'amour, et un jardin de l'espoir. Sofie, à cet instant, aurait aimé que Bash trouve le bon angle, l'espoir sur les traits refermés de son visage. Elle aurait aimé qu'il lui montre, à travers l'objectif, que ce n'était pas perdu, que ce n'était pas fatal. Mais ça signifiait le lui dire, et elle n'en était pas capable. C'était à elle seule, de choisir, et, plutôt que de le perdre, elle préférait partir. C'était à elle, que la vie avait dérobé ce qu'elle avait de plus cher. Il n'avait pas à connaître sa douleur, cet avenir à refaire, parce qu'à l'intérieur, il n'y avait plus de place pour un tel bonheur. S'il lui restait encore une chose à offrir à Bash, c'était le meilleur. Sa poitrine se comprima quand elle le vit passer, entrer dans cette maison dont ils avaient tous deux rêvé, ces pièces, de la visite à l'emménagement, qu'ils s'étaient languis d'occuper, imaginant la place de chaque meuble, ce qu'ils mangeraient sur la table de la cuisine, et ce qu'ils boiraient, sur leur petit canapé. La couleur du rideau de la douche, et les livres qu'ils cacheraient, dans leur table de chevet. Parce que ça n'avait plus la même saveur, de le voir marcher dans tous ces endroits. Tout avait changé, sans qu'elle ne comprenne comment ça avait pu leur arriver, eux qui, semble-t-il, avaient tout surmonté. Pourquoi le destin leur jouait ce tour, les piégeait dans leur amour. Désormais, à chacun de ses pas, elle voyait l'enfant qui ne le suivrait pas. Elle sourit à peine à la plaisanterie qu'il tenta de glisser - sourire malgré tout qui lui ôta un poids dans sa cage thoracique. Pour l'heure, il était là. Elle pouvait encore compter sur lui, même quand ça n'allait pas. Si elle n'était pas prête, encore, à embrasser ses lèvres, elle se hissa sur la pointe des pieds, comme une adolescente timorée, pour déposer sur sa joue une trace de son gloss rosé. Et, de la poignée de la porte, qu'elle poussa doucement pour refermer, sa main glissa dans celle de Bash, sans crier gare, et la serra de peur qu'il ne la lâche. Elle leva un regard vers lui, étrangement amusé au bruit de son gargouillis. -- Il y a des toasts, à la cuisine, que j'avais préparé pour l'apéritif. C'était ce qu'elle avait de mieux à lui proposer avant le dîner. -- J'ai invité papa, ce soir, mais je devrais... décommander. Elle se sentit soudain gênée, partagée entre le besoin, sourd, d'avoir avec Bash une soirée privilégiée, ou fuir l'immanquable vérité. Ses joues prirent une délicieuse teinte rosée que, malgré tous ses efforts, elle eut peine à cacher. L'emprise de sa main, désormais, leur coupait presque le sang. Mais elle ne pouvait se résoudre à la desserrer, certaine que c'était sinon son corps tout entier qui fléchirait. -- Je suis... désolée. Du manque d'enthousiasme, de cette joie enlevée. Sofie était maladroite, quand elle avait à se faire pardonner, mais c'était à n'en pas douter que seul son coeur la commandait. C'était une moindre compensation pour celui qu'elle aimait.

Est-ce la pointe d’humour, le sourire affiché ou juste la surprise passé, mais Sofie se débrida un peu, s’accordant un moment d’affection. Il s’était attendu à un torrent d’amour et il ne reçut qu’un simple baisée sur la joue, un simple baisé léger permettant quelques millièmes de seconde le contact entre ses lèvres douces et sa peau rugueuse. Quelques millièmes de seconde qui pourrait sembler peu mais qui pour lui était les plus belles millièmes de secondes. Il ressentit la tension abandonnait ses bras, la crainte que quelque chose n’allait pas, qu’elle allait le quitter, qu’il allait découvrir que son absence avait laissé place à un autre homme dans son lit. Leur lit. Il avait toujours eu cette peur, au fond de lui, qu’il ne soit pas assez pour elle, que ses absences viennent à bout de leur amour. Et pourtant, elle l’avait toujours aimé, la distance les avaient rapprochés, là où elle éloignait le commun des mortels. Leur amour à eux était surnaturels, divin. Un petit baisé, et le contact de sa main dans la sienne. Enfin ce contact entre eux. Elle lui serra la main, et les craintes, dissimulées péniblement s’envolaient. Nul ne peut imaginer la puissance de deux mains qui se serrent, d’un contact entre deux êtres humains. Nul ne peut sauf ceux qui sont dévorés par l’amour. -- Il y a des toasts, à la cuisine, que j'avais préparé pour l'apéritif.J'ai invité papa, ce soir, mais je devrais... décommander. Il ne pouvait pas s’attendre à ce qu’elle mette sa vie en suspens pendant ses absences, bien sûr. Il ne l’avait jamais demandé et jamais même imaginé. Il préférait la savoir vivre et rire que de l’attendre dans un canapé, isolée. Il l’accompagna l’étreinte effrénée de leur main. Inconsciemment peut-être, avait-il compris que leur relation ne tenait plus qu’à ça, deux mains acharnés à ne pas se lâcher. Il ne pipa mot, peut-être trop préoccupé par ses pensées, par le bonheur de la voir, par le contact de sa peau, par son odeur dans ses narines. Peut-être avait-il besoin de renouer avec la réalité, de retrouver cette maison qui était la sienne, la leur et qui était la concrétisation de leur amour. Il n’aurait pas refusé une soirée seule avec Sofie, blottis tous les deux dans une soirée de retrouvaille, à manger, à boire, à rire, à raconter et à s’embrasser, comme ils avaient l’habitude de faire. Profiter de chaque instant avant son prochain départ, sa prochaine mission, son prochain rêve. Mais aujourd’hui, il n’avait pas besoin de se précipiter, pas besoin de ne garder sa Sofie pour lui car il ne risquerait plus sa vie. Il resterait auprès d’elle, aujourd’hui, ils avaient l’éternité d’une vie à deux. Son regard se posa sur la femme qu’il aimait, celle pour qui son cœur battait chaque seconde, sa raison de vivre et son nouveau rêve. Ses petites joues s’empourprèrent. Une des réactions biologiques qu’elle ne pouvait contrôler, peu importe les efforts qu’elle y mettrait pour les éradiquer. Il s’étonna de cette réaction, son esprit vagabondait alors à la recherche du sentiment que cela trahissait. Mais cette expédition mentale fût vite arrêté par la confession douloureusement sorti de la bouche de Sofie... -- Je suis... désolée. Trois mots, qui sont trop et pas assez. Il se mit à serrer la main de sa dulcinée de plus belle, de peur qu’elle parte, qu’elle fuit, de peur qu’elle dise plus. Son esprit s’autorisait les pires pensées : l’avait-elle trompé, était-elle amoureuse d’un autre, voulait-elle le quitter. L’esprit d’un homme amoureux est sûrement le plus paranoïaque qu’on puisse faire, plus encore que celui d’une femme jalouse. Mais il ne pipa mot, il avait envie de la serrer dans ses bras, de lui dire de lui donner une seconde chance, de lui crier tous les mots d’amour, dans toutes les langues inimaginables. Quand l’avait-il perdu ? Il se tourna vers elle, luttant en vain pour que ses yeux ne s’embuent pas. La fierté de l’homme ne se tait jamais. Il ne savait que dire, n’osait pas parler, n’osait pas demander. Il redoutait la question qui lui brûlait pourtant les lèvres : de quoi ? Qu’est-ce qu’elle avait, qu’est-ce qu’il avait fait. Il n’était pas prêt pour ça, pas prêt à la perdre. « Pour ce soir. Mais non… enfin… j’adorerai voir ton père tu sais. Après tout c’est à moitié grâce à lui que j’ai la meilleure femme au monde » Il lança ses yeux en quête de son regard à elle, pour comprendre, à travers le miroir de son âme ce qui la tourmente. Mais il comprend, il comprend quelque chose se trame. Il ne peut plus supporter cette distance entre eux, et alors qu’il finit sa phrase, il l’attira à lui. Il se permet d’enlacer son autre main par la sienne. Alors qu’il réduit cette distance entre eux, il pose son front contre le haut de sa tête. Son odeur l’enivre alors, il ferme les yeux pour masquer les larmes qui montent et qu’il contient en lui. « Parle-moi » ces mots le transperçèrent le coeur, celui-ci s'accéléra signe de cette anxiété installé au plus profond de son âme.